Article - L'estime de soi

Écrit le 14 janvier 2020

L’estime de soi est un concept très intéressant à étudier car il fait partie intégrante de nos vies. D’ailleurs, Bleidorn et al. (2016) à mis en lumière les tendances interculturelles de ce concept. D’abord, on remarque que les hommes ont souvent une meilleure estime de soi que les femmes et ce peu importe la culture d’origine. Ensuite, l’estime de soi a tendance à augmenter entre la fin de l’adolescence et le milieu de l’âge adulte. Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer ces similitudes. Il y aurait notamment l’existence potentielle d’influences biologiques, l’existence de moments de vie importants à des âges similaires dans les différentes cultures (ex: les premiers amours, le premier travail, etc.) ou encore l’importance accordée à l’apparence physique des femmes dans la majorité des cultures. Sur ce point Armitage (2012), a remarqué que les femmes se sentent souvent plus menacées par l’évaluation de leur corps et de leur poids que les hommes. Ceci suggère selon lui, que l’apparence physique aurait plus d’importance pour l’estime de soi des femmes que pour celle des hommes.

Cela dit, il est aussi important de noter qu’il y a des différences culturelles significatives entre l’écart des niveaux d’estime de soi des hommes comparé à celui des femmes (Bleidorn et al., 2016). Cet écart est notamment corrélé avec le niveau de richesse et de libertés du pays. Selon Guimond (2007: voir Bleidorn et al., 2016) cet écart pourrait être causé par la comparaison sociale. En effet, selon lui, avec la grande liberté qu’ont les gens dans les pays occidentaux, il est plus difficile de se comparer pour s’évaluer car nous avons moins de similarités. Ceci impacterait négativement l’estime de soi car il serait plus difficile de trouver notre valeur alors que cela serait très facile dans les cultures où les rôles sociaux sont plus stricts et bien établis. Dans ces cultures les gens auraient plus de similarités et seraient plus à même de bien juger de leur valeur.

Une étude de van Geel et al. (2018) regardait quant à elle le lien entre l’intimidation et l’estime de soi. Bien qu’ils ne soient pas arrivé à déterminer si c’est l’intimidation qui cause la faible estime de soi ou l’inverse, ils ont quand même des conclusions intéressantes sur un possible cercle vicieux. En fait, ils supposent que la faible estime de soi peut attirer les “bourreaux” qui ont la sensation que la personne ne se défendra pas. Par ailleurs, l’intimidation peut diminuer l’estime de soi de la victime si elle intériorise les critiques et insultes reçues par ses pairs, attirant ainsi de nouveaux “bourreaux”. Ils se sont aussi rendu compte que guérir de l’intimidation était un processus très lent et que certains en gardent des séquelles mêmes plusieurs décennies plus tard que ce soit au niveau de leur santé sociale, mentale ou même physique. Malgré tout ils restent optimistes et proposent des cours d’affirmation de soi tant pour les victimes que pour les témoins dans le but d’apprendre à se défendre et réussir à sortir de ce cercle vicieux.

D’ailleurs pour ceux d’entre vous qui souhaitent développer leur estime de soi, la littérature appuie actuellement 2 méthodes. La première méthode s’appelle l’affirmation de soi ou “self-affirmation” en anglais (Armitage, 2012). Elle consiste à mettre l’emphase sur les qualités, les forces ou encore les compétences qui ont de la valeur pour vous et que vous possédez déjà plutôt que sur vos insécurités. D’ailleurs dans cette étude il suggère que même se focaliser sur un seul domaine, même différent de celui ou ceux provoquant une insécurité, (comme la gentillesse) est suffisant pour protéger l’estime de soi globale d’un individu souffrant d’une faible estime de soi. Cet outil est d’ailleurs basé sur la théorie de l’affirmation de soi de Steele (1988: voir Armitage, 2012). Selon lui, les individus souhaitent à tout prix préserver une image positive et adaptée d’eux-mêmes pour maintenir leur intégrité. Les affirmations sont donc particulièrement utiles puisqu’elles permettent de déplacer notre attention d’une insécurité vers une force. Ceci renforce donc l’estime de soi à travers l’image de soi, sans devoir agir sur le domaine provoquant une insécurité.

La seconde méthode consiste à faire de l’exercice physique. En effet, Sani et al. (2016) ont trouvé une forte corrélation entre l’activité physique, l’image corporelle, la forme physique perçue, l’IMC et l’estime de soi. Ils se sont rendu compte que la pratique d’une activité physique était corrélée avec une meilleure estime de soi. Selon eux, l’activité physique amènerait une diminution de l’IMC et un sentiment de meilleure forme physique chez la personne ce qui améliorerait son image corporelle qui à son tour influerait sur l’estime de soi.

RÉFÉRENCES

Armitage, C. J. (2012). Evidence that self-affirmation reduces body dissatisfaction by basing self-esteem on domains other than body weight and shape. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 53(1), 81-88. https://doi.org/10.1111/j.1469-7610.2011.02442.x

Bleidorn, W., Arslan, R. C., Denissen, J. J. A., Rentfrow, P. J., Gebauer, J. E., Potter, J., & Gosling, S. D. (2016). Age and gender differences in self-esteem—A cross-cultural window. Journal of Personality and Social Psychology, 111(3), 396-410. http://dx.doi.org/10.1037/ pspp0000078

Sani, S. H. Z., Fathirezaie, Z., Brand, S., Pühse, U., Holsboer-Trachsler, E., Gerber, M., & Talepasand, S. (2016). Physical activity and self-esteem: Testing direct and indirect relationships associated with psychological and physical mechanisms. Neuropsychiatric disease and treatment, 12, 2617–2625. doi: 10.2147/NDT.S116811

van Geel, M., Goemans, A., Zwaanswijk, W., Gini, G., & Vedder, P. (2018). Does peer victimization predict low self-esteem, or does low self-esteem predict peer victimization? Meta- analyses on longitudinal studies. Developmental Review, 49, 31-40. https://doi.org/10.1016/j.dr. 2018.07.001

Publié le 26 février 2020